Arrachés à l’affection de leurs enfants, les époux Camara hument depuis quelques jours, la puanteur de la maison carcérale. La cupidité de Mariama Diallo en est l’élément déclencheur. Dans cette histoire invraisemblable, les époux ont tous les deux payé de leur liberté, de leur honneur, parce que contraints de narrer leurs bassesses sous les projecteurs du tribunal des flagrants délits de Dakar. La dépense quotidienne a été source de tous leurs problèmes. Si on s’en tient aux explications de Mariama, ce jour-là, son mari est rentré du travail tout pâle, affichant une mine d’enterrement. Alors comme toute bonne épouse, elle a essayé de s’enquérir de la situation. C’est ainsi que Boubacar s’est confié à elle, lui expliquant ses problèmes financiers et son incapacité à gérer la dépense quotidienne durant les prochains jours. Bien que doutant de sa bonne foi, elle a décidé de ne pas lui créer des embrouilles. Commerçante, elle promet à son époux de s’en charger. Mais, elle attend que son époux s’éclipse un moment, pour fouiller malicieusement dans ses affaires. Elle tombe sur une pochette garnie de billets de Dollars. Ébahie, elle en tire un de 100, avant de ranger le reste de façon à ce que son mari ne remarque rien. Elle se rend, excitée, au marché HLM pour effectuer le change du billet. Pacte signé, le commerçant lui remet 55 000 FCfa. Alors qu’elle avait déjà quitté les lieux, le commerçant se rend compte que le billet était un faux dollar. L’appétit venant en mangeant, le surlendemain, la dame a encore attendu que son mari s’absente pour lui chiper, cette fois-ci, 150 dollars. Munie de la carte de visite du commerçant, elle se rend une deuxième fois à la boutique. Mais cette transaction lui sera fatidique. Ne se doutant pas qu’elle est en train de se livrer, Mariama exhibe fièrement ses billets de dollars pour solliciter le change. Mais le commerçant qui l’a reconnue dès qu’elle a franchi la porte lui a demandé gentiment de patienter, le temps qu’il vérifie l’authenticité des billets. Malheureusement pour elle, après vérification, il s’est trouvé que les billets étaient faux. Furax, le commerçant la conduit au commissariat. Mariama passe à table. Elle avoue aux enquêteurs avoir volé l’argent de son mari. Joint au téléphone, le mari a conforté ses dires avant se confondre en excuses, arguant qu’il ne savait pas que les billets n’étaient pas authentiques. Mais c’est sans compter avec la détermination des policiers qui ont voulu tirer cette affaire au clair.

Le deal des passeports et visas éventré
Une perquisition dans leur appartement sise à Liberté 6 a révélé qu’en réalité, le mari de Mariama Diallo est un grand faussaire. Des faux billets d’une valeur de 1 000 dollars en coupure de 20 et 50 ont été trouvés dans ses bagages, une machine servant à détecter les faux billets, plusieurs faux passeports et faux visas, une carte d’identité avec sa photo jointe, mais déclarée sous un autre nom. Les policiers ont continué leurs fouilles, se rendant compte qu’il avait affaire à un délinquant d’une grosse pointure. Démarche fructueuse, parce qu’en fin de compte, il s’est même avéré que le contrat de location qui le liait au bailleur est déclaré au nom de Mamadou Ndiaye, alors qu’il s’appelle Boubacar Camara. C’est ainsi que le couple a été cueilli et placé sous mandat de dépôt. Pour en savoir plus sur les faux visas et passeports, son téléphone a été exploité. Certains contacts, dont les noms figurent sur les faux papiers, ont été joints au téléphone. Une aubaine pour ces derniers qui, depuis un bon bout de temps, cherchaient le mari de Mariama en vain. Ils étaient loin de se douter que celui qu’ils ont connu sous le nom de Ibou Ba ne se nommait pas ainsi. Pour l’instant, 6 parties civiles ont déclaré avoir été bernées par le prévenu qui, en collaboration avec un certain Saliou, supposé être son ami, leur a fait croire qu’il vivait au Canada et y travaillait avec un Français qui aurait besoin de ressources humaines pour un travail de 6 mois. Son ami, Saliou, a fait croire à ces derniers que son ami était chargé des recrutements. Les parties civiles ont déboursé des sommes allant de 1,300 à 3 millions de FCfa. Il a ainsi confectionné de faux visas et faux passeports électroniques, avant de les mettre en relation avec un faux policier. C’est tardivement qu’ils ont compris qu’ils avaient été dupés. Attrait hier à la barre du tribunal des flagrants délits, Boubacar a tenté de nier les faits sans convaincre le tribunal. Le procureur de la République a requis 2 ans ferme pour Boubacar Camara et 2 ans avec sursis pour sa femme. Rendant son délibéré, le tribunal a relaxé l’épouse et a condamné le mari à 6 mois ferme.

Avec IGFM